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les mouv' abcdr du son prose combat, histoire d'un classique prose combat 1 un disque spontané 2 la dream team absolue 3 claude le magnifique 4 la fin de l’innocence épilogue close navigation crédits - mentions légales open navigation facebook twitter google+ -- -- -- mc solaar prose combat histoire d'un classique le 7 février 1994 sort prose combat , deuxième album de mc solaar. né à dakar 25 ans plus tôt, élevé à villeneuve-saint-georges, claude m’barali a fait ses armes dans une scène hip-hop française encore embryonnaire, avant d’en devenir l’un des premiers visages familiers pour le grand public. à l’automne 1990, le single « bouge de là » révèle son phrasé ludique, et précède qui sème le vent récolte le tempo , l’un des premiers succès critiques et populaires du rap en français. avec prose combat , solaar et son équipe franchissent un cap. le disque s’écoule à près d’un million d’exemplaires, décroche deux victoires de la musique, et connaît une belle carrière internationale. intimiste et politisé, toujours bardé de références pop-littéraires, prose combat fait la synthèse du style solaar : une oscillation élégante entre commentaire social et tranches de vie, portée par un amour éternel pour la mélodie des mots. ce disque, aujourd’hui, n’est plus disponible, ni en magasin, ni sur les plateformes de streaming. vous n’entendrez pas « nouveau western » à la radio comme vous pourriez entendre « foule sentimentale ». la raison : un conflit jamais résolu entre mc solaar et polygram, sa maison de disques de l’époque. à l’heure où le rap français bâtit son patrimoine, une œuvre essentielle du genre disparaît tout doucement de la mémoire collective. cet anniversaire des vingt ans est l’occasion de la remettre en lumière. voici prose combat , le disque et son époque, racontés par ceux qui l’ont fait. avec les témoignages de mc solaar rappeur armand thomassian chef de projet (label polydor) bambi cruz danseur, chorégraphe, rappeur jimmy jay producteur, dj philippe ascoli directeur artistique (label polydor) zoxea et melopheelo sages poètes de la rue daniel margules conseiller de mc solaar philippe zdar producteur, ingénieur du son régis douvry premier manager de mc solaar philippe bordas photographe “ prose combat, ce n’était pas un album préparé. c'était un album fait sur le moment. ” 1 un disque spontané le succès de qui sème le vent récolte le tempo en 1991 transforme l’existence de mc solaar et sa bande de potes, le posse 500 one. passé du quartier nord au top 50, le rappeur se retrouve dans une position inédite : à tout juste 21 ans, il a désormais une carrière de chanteur entre les mains. -- mc solaar : après qui sème le vent… , on n’a pas eu le temps de penser à faire un deuxième album. de 1991 à 1993, on a tourné partout : dans des mjc, puis en angleterre, en allemagne, en afrique… on a joué aux transmusicales devant kurt cobain, sans vraiment savoir où on était. à chaque fois qu’on recevait un coup de téléphone – c’était l’époque du tam-tam et du tatoo – régis, notre intendant général, il disait oui. alors nous, on disait oui aussi. on répondait à toutes les demandes, parce qu’on kiffait. régis douvry : la base, c’était solaar, les danseurs bambi et arlini, soon e mc pour les backs. jimmy jay était aux platines, et moi je faisais un peu de tout : l’interface avec la maison de disques, la gestion de l’énorme planning promo, et je faisais aussi en sorte que solaar soit à l’heure ! en tournée, je conduisais la camionnette, je m’occupais du son et des lumières… c’était hyper artisanal. mc solaar : moi, j’ai signé dans une maison de disques sans savoir où j’allais. visiblement, on avait signé pour trois albums. je dis « visiblement », car c’était pas des choses qui m’intéressaient. la musique, au départ, c’était un passe-temps qui est devenu quelque chose de super ludique. tu découvres la france : dijon, agen… ça dure un an, deux ans, puis ça continue… bambi cruz : le monde s’ouvrait à nous. quand on nous a dit d’aller aux antilles pour faire un concert, j’ai demandé « c’est gratuit ? » pour nous, c’était un miracle. on prenait l’avion ! claude, lui, il tempérait tout le temps. quand on sautait en l’air, lui il marchait. c’était un stabilisateur. j’étais plus excité par la sortie de son disque que lui-même ! jimmy jay : après la sortie de qui sème le vent… , j’ai eu un petit moment de panique. quand on réussit un album comme ça, on a tout de suite une pression de l’entourage, du public, de la maison de disques. on nous disait de refaire quasiment la même chose, alors que moi, mon objectif, c’est toujours de faire mieux et évoluer. mc solaar : prose combat , ce n’était pas un album préparé. c’était un album fait sur le moment. on avait très peu de maquettes de prêtes. j’écrivais, et j’enregistrais dix minutes après. je partais d’un principe, qui était celui de l’écriture automatique et de la deadline . je ne prenais aucune note quand j’étais dans la vie normale. l’écriture automatique, ça venait du chanteur antoine dans les élucubrations . ce côté « allez c’est parti ! » où tu te laisses guider par ton stylo. jimmy jay : prose combat a été un disque fait à l’arrache. j’ai le souvenir de ne pas dormir, de bosser tout le temps, mais aussi de faire ce que j’aime. le morceau « obsolète » est venu deux jours avant de rentrer en studio. je l’avais fait chez ma mère, à aulnay-sous-bois. je me suis enfermé dans une cave en me disant qu’il fallait que je trouve quelque chose. j’ai passé deux nuits à chercher. -- “ j’ai le souvenir de ne pas dormir, de bosser tout le temps, mais aussi de faire ce que j’aime ” jimmy jay mc solaar : on avait une base : un studio à bagnolet. démocrates d, jimmy jay, ménélik, sages po, sléo… tout le monde y allait. c’était un squat. on pouvait y rester pour dormir, ou écrire, ou écouter de la musique. moi, j’avais une vision « rock alternatif » du lieu. jimmy jay, lui, avait une vision « berry gordy » [fondateur du label motown] . j’ai écrit une partie des textes de prose combat là-bas. bambi cruz : c’était un endroit assez bizarre, au fond d’une cour. le studio était au rez-de-chaussée, le premier étage faisait office de salle à manger, et au dessus il y avait une chambre qui servait de cabine pour prendre les voix. le propriétaire, un rasta, devait attendre qu’on parte pour dormir. le lieu hébergeait aussi un espèce de business de rue, donc on voyait parfois des trucs bizarres [rires] . pour enregistrer prose combat , on a eu accès à un nouveau studio. c’étaient des conditions « luxe ». on pouvait écouter le son fort sans que les voisins nous crient dessus ! -- régis douvry : plus xxx était le studio où philippe zdar était ingé son. on y avait mixé qui sème le vent… c’était l’un des plus gros studios à l’époque. maintenant, avec les consoles numériques, tu peux avoir le même son, que tu sois à new york ou au japon. mais à l‘époque, l’ingénieur devait être habitué aux murs, aux enceintes, à la cabine, aux écoutes… on était encore dans l’ère analogique. mc solaar : c’était une époque où la technologie était plus difficile. on avait des micros allemands, à l’ancienne. si tu voulais aller boire un coup, il fallait refaire la balance pour trouver la voix dès que tu revenais en cabine. philippe zdar : la session du titre « obsolète » a eu lieu au tout début de l’enregistrement de prose combat . cette session a donné le la pour tout l’album. comme on avait pas beaucoup de budget, on était dans le plus petit studio de plus xxx, le studio 3. il devait y avoir 45 personnes à l’intérieur. les sages poètes, que je ne connaissais pas du tout, sont venus poser. il y avait aussi soon e, ménélik et claude. quand on a fait la prise des sages po, je pense que le rap français est passé dans une autre dimension. au moment où zoxea posait son couplet, tout le monde gueulait, j’entendais même pas ce qu’il faisait ! c’était incroyable. je n’oublierai jamais ce moment. aujourd’hui encore, j’en parle à mes assistants, je leur dis : « quand tu dois enreg